En moyenne, près de quatre mille visiteurs se rendent tous les jours à Petra (Jordanie), joyau du Proche-Orient. Inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1985, le précieux site archéologique est malheureusement fragile et victime des intempéries. Lundi dernier, près de 1700 touristes dans la ville antique ont été évacués en raison de fortes inondations. Un phénomène de plus en plus fréquent qui met autant en danger le site fondé il y a 2800 ans que les passionnés d’histoire qui le visitent.
Un site archéologique victime de flash flood
Pourquoi le site situé en plein désert souffre-t-il d’inondations ? Petra est au cœur d’un bassin hydrographique, en cas de violentes précipitations, les eaux de pluie viennent ruisseler dans cette cuvette naturelle. Le Sîq, corridor long de 1,2 km qui se déploie entre des parois rocheuses de 100 m de haut, accueille alors un torrent boueux appelé « flash flood » (ou crue subite en français) par les spécialistes.
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— علي الرعود 🇯🇴🇸🇦🇪🇬 (@Alioroud1) December 26, 2022
Plusieurs personnes amusées par le phénomène ont partagé sur les réseaux sociaux des vidéos de l’inondation spectaculaire. Pourtant, le majestueux couloir peut alors devenir mortel. En 1963, un groupe d’une vingtaine de touristes français et leur guide y ont perdu la vie. En 2018, 12 personnes ont été tuées dans les mêmes circonstances.
Vue de la cité antique de Petra depuis le Sîq en 2022. ©Nathalie Lasserre
Outre la mise en danger du public, ces flash floods sont également dévastatrices pour le site archéologique. Le grès, dans lequel la cité a été entièrement bâtie, est sensible aux intempéries. À chaque inondation, la pierre se gonfle, se rétracte, se fissure et se dissocie. En 2009, un bloc du Sîq s’est ainsi détaché. Un an plus tard, une façade de tombeau a été endommagée.
Lundi 26 décembre, des inondations spectaculaires ont touché le site de Petra et son majestueux Sîq. ©Unsplash/Spencer Davis
Aujourd’hui, la construction de deux barrages est envisagée pour protéger le site mais les financements manquent. L’an dernier, l’Unesco a terminé un programme expérimental de sécurisation du Sîq, du nom de « Sîq stability ». Des câbles métalliques ont été installés pour empêcher la chute de roches menaçant de s’effondrer en cas de fortes pluies.